L'effet tiroir en recherche !
- valentinefilleul
- 14 mars
- 2 min de lecture
👩🔬 Pourquoi la science ne révèle-t-elle pas tous ses secrets ?
La science est, par nature, une aventure collaborative qui suit une trajectoire erratique. Les résultats négatifs - non significatifs ou contraires aux hypothèses initiales - jouent un rôle fondamental dans le progrès scientifique. Ils contribuent au rejet des hypothèses erronées, stimulent la réflexion et alimentent les révolutions scientifiques. Pourtant, ces résultats restent souvent invisibles.
En 1979, le psychologue Robert Rosenthal a mis en lumière ce qu’il appellera l’effet tiroir (𝑓𝑖𝑙𝑒 𝑑𝑟𝑎𝑤𝑒𝑟 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡), ou biais de publication. Ce phénomène désigne la tendance des chercheurs et des revues à privilégier les études aux résultats concluants, reléguant les autres résultats dans l’ombre. Ces derniers sont pourtant essentiels pour comprendre la réalité et faire avancer la recherche.
⚠️ L’absence de publication de ces résultats crée une image déformée de l’état des connaissances, ce qui peut influencer 𝑖𝑛 𝑓𝑖𝑛𝑒 des décisions importantes comme des politiques publiques, elles-mêmes basées sur des méta-analyses.
Dès 1956, Austin Bradford Hill, pionnier des statistiques médicales, écrivait :
« 𝑈𝑛 𝑟𝑒́𝑠𝑢𝑙𝑡𝑎𝑡 𝑛𝑒́𝑔𝑎𝑡𝑖𝑓 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑒́𝑝𝑟𝑖𝑚𝑎𝑛𝑡, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑙 𝑛’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑞𝑢’𝑢𝑛 𝑟𝑒́𝑠𝑢𝑙𝑡𝑎𝑡 𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑓 𝑒𝑡, 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑡𝑒 𝑡𝑒𝑛𝑢 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒, 𝑖𝑙 𝑑𝑜𝑖𝑡 𝑐𝑒𝑟𝑡𝑎𝑖𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑒́𝑡𝑎𝑏𝑙𝑖 𝑝𝑎𝑟 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑎𝑑𝑒́𝑞𝑢𝑎𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑒𝑢𝑣𝑒𝑠. »
🌞 Heureusement, des solutions émergent pour réduire ce biais :
➡️ Les chercheurs sont invités à 𝗽𝗿𝗲́-𝗲𝗻𝗿𝗲𝗴𝗶𝘀𝘁𝗿𝗲𝗿 leurs protocoles dans les revues visées avant de commencer leurs travaux. Les revues s’engagent ainsi à publier les résultats, quels qu’ils soient.
➡️ La 𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝘁𝗲 encourage la transparence en donnant accès non seulement à l’étude, mais aussi au protocole et aux données brutes. Cela permet de vérifier les analyses et d’explorer si des variables mesurées non pas été incluses dans la publication finale (et pourquoi).
➡️ Certaines 𝗿𝗲𝘃𝘂𝗲𝘀 𝘀𝗽𝗲́𝗰𝗶𝗮𝗹𝗶𝘀𝗲́𝗲𝘀 valorisent désormais des résultats non significatifs.
Ces démarches participent à une science plus transparente et rigoureuse, où chaque résultat, qu’il soit positif ou non, contribue à bâtir une image plus fidèle de notre monde. En attendant, gardons toujours à l’esprit que la science est en perpétuelle (re)construction et que ce qu’elle ne trouve pas aujourd’hui reste peut-être une vérité encore à découvrir.
📚 Les sources :
Bradford Hill, A. (1956). « Discussion of a paper by DJ Finney », Journal of the Royal Statistical Society; 119: 19-20.
Li, T. (2022). Actes des Journées européennes de la science ouverte : Open Science European Conference – OSEC 2022. OpenEdition Press, Académie des sciences, EDP Sciences.
Rosenthal, R. (1979). The file drawer problem and tolerance for null results. Psychological Bulletin, 86(3), 638–641.
Sayão, L. F.; Sales, L. F.; Felipe, C. B. M. (2021). Invisible science: publication of negative research results. Transinformação, 33, e200009.
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